Air France joue sur les connexions inter-Caraïbes



Giandomenico Vianelli, est le responsable du réseau régional Caraïbes d’Air France. Il s’occupe de gérer et de développer les liaisons et les connexions entre les différentes destinations de la zone Caraïbe.



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Interview de Pascal Meurisse  -  Chef d'escale Air France en Martinique

 

Entretien avec Giandomenico Vianelli


© Air France
Cela fait plusieurs décennies. Nous pouvons même faire remonter la naissance du réseau régional Caraïbes aux années 50.  A cette époque pour aller en Amérique du Sud, l’avion faisait un stop à Fort-de-France et Cayenne puis descendait vers l’Amérique latine. Depuis presque 30 ans, nos deux avions sont basés à Pointe-à-Pitre. A l’origine, nous avions des Boeing, puis un A318 et maintenant deux A320. Mais pour développer ce réseau, il nous fallait également des équipages sur place. C’est ainsi que nous travaillons avec 16 pilotes installés en Guadeloupe qui tous les deux ans tournent et se déplacent depuis le réseau moyen-courrier d’Air France. A côté de cela, nous avons recruté un équipage d’une petite quarantaine de personnes qui est originaire de Guadeloupe et de Martinique. En revanche, la partie commerciale est partagée avec les lignes long-courrier. Elle est gérée par nos collègues des Antilles françaises et de la Guyane. 

Pour compléter ce maillage, quels liens avez-vous tissé avec les partenariats locaux ?

En plus de la gestion de ce sous-réseau régional Caraïbes, nous avons aussi pour des raisons géographiques et commerciales, des relations avec deux partenaires locaux d’Air France et KLM basés dans la Caraïbe. Il s’agit tout d’abord d’Air Antilles en Guadeloupe qui rejoint les îles francophones mais aussi la Dominique, Sainte-Lucie, la Barbade. Et en second lieu Winair, une compagnie basée à Saint-Martin qui dessert en priorité les îles anglophones de la Caraïbe, Saint-Barthélemy, les îles Vierges Britanniques, Saint-Kitts-et-Nevis ou Saint-Eustache. Ce sont deux petites compagnies qui exploitent notamment de petits modules ATR et Twin Otter. Ces appareils demeurent très adaptés aux aéroports qui existent dans la zone Caraïbe. Ce sont des partenaires d’Air France et KLM avec lesquels nous avons des relations privilégiées pour la mise en place de correspondances après nos vols long-courriers au départ d’Orly, Roissy Charles de Gaulle ainsi que d’Amsterdam. Ces deux compagnies locales se développent également sur l’axe Saint-Martin, Curaçao, Aruba et Bonaire, ce qui complète le maillage dans les Petites Antilles hollandaises. Nous avons de ce fait mis en place des accords « point to point » avec ces compagnies pour le transport local de nos passagers.  C’est ainsi qu’Air France dispose par exemple de son code « AF » sur les vols d’Air Antilles, entre Pointe-à-Pitre et la Dominique.
© Air France

Quelle est l’importance de cette desserte Nord et Sud dans les Caraïbes pour Air France ?

Il s’agit pour nous de desservir des territoires français, l’île de la Guadeloupe, de la Martinique et la Guyane. Nous mettons en place des connexions locales pour permettre à la population des territoires concernés de se déplacer. Notre dispositif encourage également la continuité territoriale avec Paris et la Métropole. Pour des raisons d’optimisation du réseau, nous devons faire voler régulièrement nos deux Airbus A320. Nous avons donc développé l’axe Nord avec Port-au-Prince sur l’île d’Haïti et Miami aux Etats-Unis. Il existe un trafic local important sur ces deux marchés. Cela permet aussi à Air France de proposer la destination Port-au-Prince au départ d’Orly. Il faut préciser que tous les vols entre Pointe-à-Pitre et Port-au-Prince sont actuellement en correspondance avec les vols long-courriers au départ d’Orly. L’existence de ce réseau régional est d’ailleurs unique en son genre pour la compagnie nationale. C’est le seul cas dans lequel Air France exploite deux avions qui ne sont pas basés dans les terminaux parisiens de Charles de Gaulle et d’Orly. Hormis bien sûr la flotte de Hop! qui effectue des lignes transversales entre les villes françaises.

Comment travaillez-vous avec vos partenaires Air Antilles et Winair ? 

Ce sont principalement des accords de « Code Share » qui donnent à Air France et à KLM la possibilité d’apposer son code et son numéro de vol AF ou KL sur un trajet opéré par le partenaire Air Antilles ou Winair. Cela permet concrètement d’appliquer toutes les conditions et les garanties commerciales que propose le groupe Air France-KLMà ses passagers. Sur les rotations aller-retour entre Cayenne, Fort-de-France et Pointe-à-Pitre, la compagnie Air Antilles s’est également engagée à nous nous acheter, ce que nous appelons dans le métier, un bloc siège. C’est-à-dire qu’une partie des places dans notre avion est réservée pour que cette compagnie puisse commercialiser ses billets sous son propre numéro de vol.

Sainte Lucie - La Martinique - Miami - © David Raynal

Cabine sur le réseau régional Caraïbes - © Air France
Quelle est la rentabilité de ces lignes ?
 
Globalement, nous sommes autour de 350 000 voyageurs par an sur tout le réseau régional Caraïbes transporté par Air France. Je n’inclus pas les passagers qui voyagent sur Air Antilles et Winair. Nous pouvons dire que la rentabilité est encore au rendez-vous malgré des coûts importants d’exploitation pour Air France. De plus, nous avons connu pendant l’hiver 2018-19 la concurrence de Norwegian qui s’était positionné sur les lignes Sud entre les Antilles et Cayenne. La tentative n’a apparemment pas été suffisamment positive pour qu’elle se poursuive durant l’hiver 2019-2020. En fait, il est assez difficile d’exploiter ces lignes avec un certain niveau de rentabilité en raison de la saisonnalité du trafic. Il y a d’un côté des coûts fixes supportés toute l’année et de l’autre des recettes qui varient en fonction de la période de l’année. 

Avez-vous des projets de développement ?

© Air France
Nous regardons toujours avec beaucoup d’intérêt l’ouverture de nouvelles destinations possibles en faveur de la clientèle locale. Pendant l’hiver 2018-19, nous avons par exemple testé la ligne Pointe-à-Pitre-Atlanta sur deux rotations par semaine. A la fin de cette période qui a été prolongée jusqu’à fin aout 2018, le bilan économique n’était pas assez satisfaisant. Nous avons donc décidé de ne pas reconduire cette expérience. En revanche cet hiver, nous avons ajouté deux fréquences directes aller-retour entre Pointe-à-Pitre et Miami. Ce sont deux vols qui partent de la Guadeloupe le matin et qui sont vraiment destinés à la population locale, parce qu’à cette heure-là, il n’y a aucune connexion avec les vols en provenance d’Orly. De plus, grâce à notre partenaire Air Antilles, ces deux vols directs vers Miami sont aussi connectés avec la Martinique. Nos clients ont ainsi la possibilité d’arriver à Miami en fin de matinée. Cela permet aussi d’attraper des correspondances pour des vols intérieurs opérés par notre partenaire américain Delta sur les principales villes des Etats-Unis (New York, Atlanta, Boston). Nous pensons que cela peut constituer une belle opportunité, car les vols qui vont habituellement à Miami arrivent plutôt le soir, au moment où il n’y a plus de connexions. Ce programme de deux vols directs entre Pointe-à-Pitre et Miami a été prolongé pendant toute la saison d’été et il le sera également pendant l’hiver prochain 2020-21.

Propos recueillis par David RAYNAL
 
Vendredi 6 Mars 2020
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