Reims, à la découverte de la ville royale, genèse du Royaume de France



La ville du sacre des rois de France est aussi, chacun le sait, la capitale du champagne. Mais la ville recèle bien d’autres trésors à découvrir…



La cathédrale vue du Jardin Henri Deneux - © Gregory Duval;
Partir à la découverte de la patrie de Jean-Baptiste Colbert commence par pousser la porte de l’Office de Tourisme, tout proche de la cathédrale. Pour s’enquérir, bien sûr, des incontournables, mais aussi des endroits moins connus, bien souvent chargés d’Histoire, la petite et la grande. Tout ce qui façonne une belle cité au fil des siècles… L’aide de l’équipe des guides de l’Office de Tourisme peut s’avérer judicieuse. Ils sont férus de connaissances sur la cité et vous les feront partager. N’hésitez pas à les solliciter ! Vous apprendrez bien des choses qui ne sont pas dans les brochures.

Ensuite, place à l’étonnement et l’émerveillement ! Ainsi en parlait George Sand : « Le champagne aide à l’émerveillement ».

Le champagne, fleuron de la région éponyme, et de Reims et Epernay en particulier

Ce divin nectar tel qu’il fut aisément qualifié a fait la renommée de la ville, et les grandes maisons de champagne se la partagent volontiers. Le 4 juillet 2015, l’ensemble des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne était classé au Patrimoine mondial de l’Humanité. Aussi, la première chose qui soit est de visiter au moins l’une de ces maisons, voire plusieurs. Pour découvrir, entre autres, les crayères, élément essentiel à la bonne conservation du célèbre breuvage.

© Hubert Gouleret
Si la culture de la vigne sur ce territoire remonte à l’époque gallo-romaine, l’élaboration de ce nectar, tel que nous le connaissons aujourd’hui, date, elle, du XVIIème siècle. C’est un certain Dom Pérignon, moine de son état qui, à force d’observations, perça le mystère des bouteilles fermentées à l’explosion facile, malgré un bouchon de cire d’abeille. Conscient d’avoir découvert le secret de la fermentation en bouteille, la fameuse « méthode champenoise », il goûta cette liqueur à l’aspect surprenant. Etonné du résultat, il appela aussitôt ses frères moines : « Venez vite, je goûte les étoiles ».  Après cette découverte, il faudra attendre le XIXème siècle et Pasteur pour mieux comprendre les mystères cachés de la fermentation.
Après cette approche gouleyante et éducative, la restauration s’impose pour déguster les plats élaborés au cœur des restaurants avec des produits principalement locaux et de saison.

​Le Jardin des Crayères, une découverte séduisante de la gastronomie

Illustre établissement avec, à sa tête, le chef doublement étoilé, Philippe Mille, et Arnaud Valary, son Directeur général, Le Domaine des Crayères renferme Le Château des Crayères avec son restaurant Le Parc et la brasserie Le Jardin des Crayères.

Le Jardin des Crayères - © Anne-Emmanuelle Thion
Cette dernière, nichée dans un écrin de verdure, à l’orée du grand parc, propose un Menu du Jardin à 35 € qui n’a rien à envier à la cuisine de certaines tables hautement raffinées. Pour élargir l’offre, vous sont proposés un Menu Région à 55 € et une carte alléchante. Et comble de bonheur, le personnel de salle se montreaccueillant, affable, prêt à accéder avec discrétion à vos désirs. En cuisine, Sébastien encadre une brigade de quinze personnes et décrit avec passion son plaisir dans l’élaboration de plats innovants, aux multiples saveurs, composés, dans leur majorité, de produits de saison locaux. Un personnel dynamique à l’image d’Arnaud Valary dont le leitmotiv, « rendre l’éphémère mémorable », traduit pleinement l’importance accordée au plaisir pris par les clients. Sentiment partagé par le Chef Philippe Mille qui porte, lui, une attention toute particulière à ses fournisseurs avec lesquels il travaille en direct. Preuve en est le rassemblement de près de 80 producteurs dans le parc du château le 3ème week-end du mois de septembre. L’événement attire quelque 6 000 personnes et l’entrée en est libre.
Une excellente adresse pour se préparer à une belle balade-découverte de la ville.

​La Cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale des sacres royaux mais cathédrale martyre

Le début de la construction de Notre-Dame de Reims se situe en 1211 sur les ruines fumantes de la précédente cathédrale, elle-même élevée sur d’anciens thermes romains aux alentours de 430 après J.-C., précisément là où eut lieu le baptême de Clovis vers 500. De 1027 (Henri Ier) à 1825 (Charles X), pas moins de trente monarques ont été sacrés en ce haut lieu religieux. L’édifice mesure 149 mètres (longueur totale hors œuvre) contre 145 pour Notre-Dame d’Amiens et 130 pour Notre-Dame de Paris.

Une visite des tours permet une vision de la charpente aux arches reconstruites en béton après la Première Guerre mondiale. Après avoir gravi les 249 marches qui mènent au plafond que vous traversez dans toute sa longueur, vous faites le tour de l’édifice en empruntant les gouttières, avec une vue magnifique sur le fourmillement de détails sculptés, représentatifs et hautement symboliques de la Chrétienté. Avec, à vos pieds, les toits de la Cité des Sacres…
Un porche - Les tours de Notre-Dame de Reims vues des gouttières - Le plafond de la Cathédrale et sa toiture aux arches en béton - © Hubert Gouleret

A noter, le nombre prodigieux de statues et ʺéléments ciselésʺ agrémentant l’extérieur de la cathédrale, par opposition à l’intérieur, hormis les vitraux de Chagall et Simon, révélant un aspect plutôt nu. Sur la façade, la statue de l’Ange au Sourire, réalisée vers 1240 et décapitée en septembre 1914, est représentative du qualificatif « Reims, cathédrale des Anges ».
Conséquence directe de la Première Guerre mondiale, quelque 80 % de la ville sont détruits, la cathédrale est bombardée tout au long des quatre années de guerre, et sera incendiée. Car, si l’armée allemande est entrée dans Reims le 4 septembre 1914 et en est chassée le 13 par l’armée française, elle établit des lignes de défense non loin de la ville. Les bombardements incessants des habitations et de la cathédrale en feront une cité martyre.
Dès 1919, place à la reconstruction ! Pour la cathédrale, grâce, en partie, à l’aide du mécénat américain (John David Rockfeller Jr pour la toiture). Côté vitraux, Marc Chagall et Jacques Simon (maître verrier rémois) s’associeront pour le meilleur.
Pour mieux comprendre la résurrection de la cathédrale et l’évolution architecturale de Reims, il convient de reconnaître les nouvelles constructions de l’après-guerre. C’est là qu’entrent en scène les guides-conférenciers de l’Office de Tourisme fournissant moult informations...

​Reims, entre Art nouveau et Art déco

Les rues autour de la cathédrale affichent de nombreux exemples des deux styles. Notamment la Villa Demoiselle, ancienne Villa Cochet, qui est un pur produit de l’Art Nouveau. Construite de 1904 à 1908, elle sera la transition de l’Art nouveau vers l’Art déco. Aujourd’hui, propriété des Champagnes Vranken et Pommery après son rachat, en 2004, par Paul-François Vranken et une restauration qui durera quelque cinq années, elle se visite pour le grand bonheur des amateurs d’Art déco.
Bibliothèque Carnegie - © Gregory Duval

Plantée le long de la Cathédrale, la Bibliothèque Carnegie est un chef-d’œuvre de l’Art déco. Alors que Rockfeller Jr engageait l’argent de sa fondation pour reconstruire la cathédrale, le philanthrope tout aussi américain Andrew Carnegie ne voulut pas être en reste. Il consacra une aide exceptionnelle – 200 000 dollars soit 3 millions de francs de l’époque – de la Dotation Carnegie pour la Paix internationale à la construction, en 1921, d’une nouvelle bibliothèque municipale. L’ancienne, installée au 1er étage de l’hôtel de ville, ayant disparu en 1917 lors de la destruction de l’édifice municipal par un obus incendiaire. On accède à ce lieu culturel par un hall d’accueil spacieux décoré de vingt mosaïques en marbre, surmontées d’une coupole à quatre pans se terminant par une splendide lanterne en pendentif, œuvre du maître verrier Jacques Simon.

Dans la rue des Tournelles, l’architecte Marc Margotin construit, en 1929, un édifice dans laquelle il introduit des éléments d’une ancienne maison détruite à la guerre. Ce qui lui donne une allure de « petit castel ».

Juste à côté, son fils, l’architecte Léon Margotin, influencé par le « Style international » (Robert Mallet-Stevens, Le Corbusier, le Bauhaus de Walter Gropius…), construit une maison cubiste ». Une évolution radicale et intéressante à observer.

Non 
loin de là, rue Tronsson-Ducoudray, siégeait, autrefois, la Caserne Chanzy, la caserne des pompiers, inaugurée en 1926 et construite en style Art Déco. Abandonné en 1993 à la suite de l’édification de la nouvelle caserne de Reims-Marchandeau, l’imposant bâtiment sera racheté par le Groupe Marriott et transformé en hôtel-restaurant 5*****, La Caserne Chanzy. Fin 2019, le seul hôtel de luxe du centre-ville ouvrait ses portes et étalait son spacieux restaurant en rez-de-chaussée. La Grande Georgette était née !

Le restaurant devient La Grande Georgette

Pourquoi La Grande Georgette ? Ce nom fut tout bonnement donné, dans les Années 20, à la grande échelle des pompiers, en hommage à la femme du capitaine d’alors prénommée Georgette. L’établissement a conservé la large façade de l’ancienne caserne, ses piliers et les accès au sous-sol par l’intérieur obstrués par des carreaux de verre. Aux pieds de Notre-Dame de Reims, idéalement placée pour découvrir les monuments du centre-ville, La Grande Georgette ravit les palais les plus exigeants. Son jeune chef, Julien Raphanel, affiche une carte ambitieuse faite de produits frais du terroir local. L’intérieur Art déco est un plaisir pour les yeux invitant à la dégustation… avant ou après une représentation à l’Opéra, édifice où s’allient Art nouveau et Art déco.
La Grande Georgette - © Hubert Gouleret

​Les Halles du Boulingrin

Passage incontournable lors d’une visite à Reims pour les amateurs de produits locaux frais, les Halles du Boulingrin proposent sur leurs étals toute la quintessence des produits du terroir de Reims et de la Champagne. L’idéal pour y déambuler et découvrir des pépites. Tels ces mini légumes dont raffolent les chefs et qui font les délices des palais les plus sensibles à toute saveur.
​Les Halles du Boulingrin - © DR

Construites en 1927 dans le matériau en vogue à l’époque, le béton, elles ont connu quelques déboires. Au fil des décennies, les arcades en béton non armé d’une épaisseur d’à peine dix centimètres connaissent quelques faiblesses. A un point tel que le marché est fermé par précaution mais ouvert à tous les vents. Finalement, la décision est prise, en 2006, de réhabiliter ce temple de l’alimentation. Les travaux commenceront en 2010 et l’imposant vaisseau sera inauguré en septembre 2012, dans le cadre symbolique des Journées du Patrimoine.

Dernièrement, à la demande de la municipalité, s’est ouvert un point restauration destiné à l’usage des exposants mais dont l’utilité s’est vite fait sentir auprès des habitants. En dehors des heures et jours de marché, Sacrée Marianne propose des animations ouvertes à tous.


​Le Café du Palais, une institution centenaire

Fondée en 1930, ce restaurant de facture Art déco a traversé les décennies, témoin de toutes les affaires judiciaires de la région. Moult confessions se sont faites entre deux plats, dans le bruit des couverts et le bourdonnement de l’assemblée. Assemblée faite en partie de magistrats et de membres du barreau. La proximité du palais de justice n’y est pas pour rien. Ici, les gens recherchent souvent le réconfort et Louis Vogt se plaît à les voir repartir le sourire aux lèvres. L’intérieur du restaurant est un petit musée. Jugez donc ! Au plafond richement décoré s’insère une magnifique verrière Art déco, œuvre du maître verrier Jacques Simon représentant la voûte céleste avec ses oiseaux mauves et ses nuages bleutés.  Aux murs, dessins - dont un de Marc Chagall -, pastels, aquarelles, gravures, documents historiques, tableaux s’ajoutent aux sculptures… Les banquettes rouges d’époque complètent cet ensemble au caractère douillet. …
La salle du restaurant et sa magnifique verrière Art déco - © Hubert Gouleret

Aux commandes depuis les Années 60, la famille Vogt dirige, encore aujourd’hui, cette institution avec, avec comme mots d’ordre un maximum de chaleur humaine et de gentillesse. Et, surtout, aller à la rencontre des gens. Aux fourneaux, Isabelle, la maman, en salle, Louis, le fils. Les plats sont frais, élaborés avec de bons produits locaux. A recommander, l’Assiette champenoise -assortiment savant de jambon de Reims, chaource, langres, pommes de terre grenaille rissolées, salade verte et condiments. Parmi les plats emblématiques, il faut oser les tagliatelles aux escargots, un plat vieux de plusieurs décennies, redemandé par beaucoup d’habitués. Et pourquoi ne pas terminer avec un bon café de la Maison Person, maître torréfacteur local. Belle découverte également, une eau venue du XIXème siècle, l’Eau vertueuse de Velleminfroy. L’histoire raconte qu’un beau jour de 1828, le Docteur Jacquez, un médecin en promenade, découvrit un filet d’eau dont il se désaltéra et se montra sensible aux vertus de cette eau claire. Il fallut attendre trente ans avant une première captation suivie d’analyses révélant l’exceptionnelle minéralisation de cette eau étonnante. En 1859, un décret impérial de Napoléon III autorise son exploitation. C’est le début d’une période faste pour Velleminfroy qui s’achève en 1962 après l’abandon de l’exploitation de la source. Vendues aux enchères en 2004, la source et ses dépendances seront rachetées par Paul Poulaillon dont l’objectif premier est de faire revivre la marque.
Une belle adresse au cœur de la ville ! Avant de parcourir les coteaux de la Montagne de Reims

​Une escapade au milieu du vignoble de la Montagne de Reims, ravissement pour les yeux et les papilles

Apprenez à sabrer le champagne dans las vignes - © My Vintage Tour Company
Erigée à l’état de Parc naturel, la Montagne de Reims se situe entre Reims au Nord et Epernay au Sud. Deux cités consacrées au champagne. Autant dire que l’importance de son vignoble ne souffre d’aucune discussion. Au départ de Reims, la Route touristique du Champagne traverse les petits villages viticoles plantés sur les coteaux s’élevant vers la partie supérieure boisée de la montagne. Maëva et son frère dirigent My Vintage Tour Company. Ils organisent des balades, visites de caves au cœur du vignoble, telle celle de Michel Fagot à Rilly-la-Montagne, à bord de voitures de collections. Clou de la visite : apprendre à sabrer le champagne.
 
Une réelle expérience, fort sympathique, pour une meilleure approche de la fabrication du champagne, à partir de ses trois cépages (chardonnay, pinot noir et pinot meunier) et son appréciation lors de la dégustation… une pratique ordinaire en Champagne.

Pour bien préparer votre visite

Jeudi 6 Juillet 2023
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