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De Monaco à Chantilly, une princesse des Lumières en quête de liberté



Après le destin romantique de Louise d’Orléans, première reine des Belges, en 2024, la nouvelle exposition du château de Chantilly explore le parcours et le rôle de mécène des arts d’une autre figure féminine méconnue qui a marqué son histoire : Marie Catherine de Brignole-Sale, princesse de Monaco puis de Condé (1738-1813).



© Château de Chantilly
© Château de Chantilly

Entre les archives du palais princier de Monaco et celles du musée Condé, cette exposition dévoile la vie romanesque d’une femme hors du commun, entre siècle des Lumières et Révolution.
 


​Une princesse génoise

La Princesse de Monaco - RF3150 - © Grand Palais - Rmn-Musée du Louvre - Franck Raux / Photos © Château de Chantilly
La Princesse de Monaco - RF3150 - © Grand Palais - Rmn-Musée du Louvre - Franck Raux / Photos © Château de Chantilly

Née à Gênes le 16 septembre 1738, fille unique du marquis de Brignole-Sale et nièce du doge, Marie Catherine est issue de l’une des plus puissantes familles de cette influente république méditerranéenne. Élevée à Paris, celle qu’on qualifie de «  plus jolie femme de France » est remarquée par le prince Honoré III de Monaco (1720-1795), qui fréquente alors sa mère... Bien qu’ayant espéré une alliance plus prestigieuse dans la noblesse française, le prince se résout à envisager ce parti moins noble mais plus lucratif. Des noces fastueuses ont lieu à Monaco le 15 juin 1757.



​Une séparation retentissante

La nouvelle princesse de Monaco donne naissance à deux petits princes. Elle tient son rang au sein de l’hôtel de Matignon, résidence du couple à Paris. L’ennui qui la gagne, les rumeurs de sa liaison avec le prince de Condé, son refus de se rendre à Monaco, le caractère ombrageux et jaloux d’Honoré III, ses mauvais traitements rapportés par des témoins, conduisent la princesse à demander une séparation de biens et de corps devant le parlement de Paris qui lui rend un arrêt favorable.

Dès lors, Marie Catherine reprend sa liberté et devient une mécène des arts. L’hôtel de Monaco qu’elle fait édifier par Brongniart devient la vitrine de cette nouvelle indépendance.

© Château de Chantilly
© Château de Chantilly
Cette lectrice des philosophes des Lumières existe en son nom propre et peut vivre librement ses passions, aux côtés de son cher ami, Louis Joseph de Bourbon, prince de Condé (1736-1818), qu’elle ne quitte désormais plus. À Paris, près du palais Bourbon que le prince agrandit à grands frais, Alexandre Brongniart érige pour la princesse un hôtel de Monaco au cours des années 1770, une résidence détruite à la Révolution, puis reconstruite. Elle abrite depuis 1937 l’ambassade de Pologne.

© Château de Chantilly
© Château de Chantilly

​L’amour d’un prince et d’une princesse

Portrait de Louis Joseph de Bourbon, prince de Condé - © RMN-Grand Palais Domaine de Chantilly - René Gabriel Ojeda
Portrait de Louis Joseph de Bourbon, prince de Condé - © RMN-Grand Palais Domaine de Chantilly - René Gabriel Ojeda

Après la séparation officialisée en 1770, la princesse de Monaco et le prince de Condé vivent ouvertement leur amour. Tous deux s’adonnent à la même frénésie de construction de résidences et d’aménagement de jardins.

À une quarantaine de kilomètres de Chantilly, Marie Catherine élit le château de Betz (Oise) comme son ultime refuge. Là, elle est la promotrice d’une aspiration nouvelle, rousseauiste, d’un retour à la nature, mais aussi du goût pour les fabriques pittoresques, ornant les jardins qu’on appelle « anglo-chinois ». 

Il faut dire qu’en cette fin de XVIIIème siècle, la visite de jardins est devenue un passe-temps à la mode, et ceux qui, comme la princesse de Monaco, ne peuvent se rendre à la cour, utilisent leurs jardins et leurs fabriques pour s’attirer la compagnie de personnalités en vue. Les sentiments que ce couple de princes esthètes partagent sont immortalisés dans la pierre, le marbre ou le plâtre, grâce à Jean Baptiste Pigalle ou Claude Dejoux. Autour d’eux, gravitent architectes, sculpteurs, paysagistes, peintres ou dessinateurs parmi les plus novateurs et talentueux des derniers feux de l’Ancien régime.

© Château de Chantilly
© Château de Chantilly

​De l’émigrée de Monaco à la princesse de Condé

La Révolution française frappe la princesse de Monaco et le prince de Condé de plein fouet. L’implacable prince du sang prend rapidement la tête de l’une des principales armées de la contre-révolution et la princesse de Monaco le suit sur les routes d’une émigration ballottée dans l’Europe entière. En Angleterre, la princesse de Monaco peut enfin épouser son éternel amant, le prince de Condé. Le couple est alors âgé de 70 ans ! Marie Catherine princesse de Condé rend son dernier souffle, à Wimbledon en 1813, sans avoir eu l’occasion de retourner en France ! 
 
Une magnifique exposition qui vise à redonner sa place à cette grande mécène, mieux cerner son rôle dans le domaine des arts, et ressusciter ses hôtels, parcs et châteaux grâce à des sculptures, tableaux, dessins, gravures et documents d’archives inédits.


Informations pratiques
 

Château de Chantilly, 60500 Chantilly
 
Lieu : cabinet d’arts graphiques Prince Amin Aga Khan, château de Chantilly
Une exposition placée sous le Haut patronage de S.A.S le prince Albert II de Monaco

Commissariat : Mathieu Deldicque, conservateur en chef du patrimoine, directeur du musée Condé et du musée vivant du Cheval, château de Chantilly

Thomas Fouilleron, directeur des Archives et de la Bibliothèque du palais princier de Monaco.

Jusqu’au 4 janvier 2026
 
chateaudechantilly.fr

 
Vendredi 12 Décembre 2025
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