A une heure de Paris, voici Château-Thierry, puis La Ferté-Milon et Villers-Cotterêts. En remontant vers la Belgique, limite septentrio-orientale du département, le périple nous mène sur le Chemin des Dames et la Caverne du Dragon. De là, direction les villes de Laon puis de Saint-Quentin. Pour, ensuite, gagner Guise, cité où naquit ce que l’être humain peut réaliser de mieux dans une vie, un projet social unique, une utopie réalisée. Par la création d’un environnement communautaire, idéal aux personnes, tant sur le plan professionnel qu’intellectuel.
Un département traversé par une Histoire plus que millénaire
Façade de la cathédrale de Laon - © Hubert Gouleret
Car la Grande Histoire est passée par là, marquant le département de son empreinte. Dès le milieu du XIIème siècle, avec l’édification de la cathédrale de Laon (1155), puis de la basilique de Saint-Quentin (1170), enfin de la cathédrale de Soissons (1176). C’est à Villers-Cotterêts, patrie d’Alexandre Dumas, que François Ier a signé, en 1539, l’ordonnance éponyme instituant le français comme langue officielle du royaume. Un grand pas pour l’édification à venir de notre actuelle nation. Un trésor à préserver et à défendre ! (Cf Villers-Cotterêts, quand Histoire rime avec Culture). Quelque huit décennies plus tard, naît à Château-Thierry, en 1621, un homme qui bouleversera le quotidien des classes primaires : Jean de La Fontaine. Dix-huit ans plus tard, l’année 1639 voit l’avènement, à La Ferté-Milon, du grand dramaturge Jean Racine. La Guerre de 1870 marqua le territoire, envahi par les hordes de Uhlans pillant, terrorisant les populations. Et puis, vint la Grande Guerre.
De 1914 à 1918, le département subit les affres d’un conflit causant la mort de millions de combattants. Nombreux sont les sites portant les affreux stigmates de celle qui fut baptisée à tort La der des ders. En l’occurrence, sur le territoire de l’Aisne, le Chemin des Dames et la Caverne du Dragon (la Creute). Comme autant d’âmes éteintes, les croix blanches des cimetières militaires réveillent ces sentiments de désespoir et de recueillement qui étreignent le visiteur. Aujourd’hui, le parcours de mémoire effectué par les scolaires, dans un souci de prise de conscience, et les « touristes » venus, parfois, raviver le souvenir de leurs ancêtres, rendent hommage à ces hommes. Ces Français, Allemands, sans oublier les autres nationalités, qui se sont battus dans des conditions effroyables pour satisfaire des dirigeants assoiffés d’une gloire maligne. « L’homme est né pour la paix, et il ne respire que la guerre », disait Jacques-Bénigne Bossuet, évêque de Meaux, auteur des célèbres Oraisons funèbres. Aujourd’hui, l’actualité lui donne raison.
De 1914 à 1918, le département subit les affres d’un conflit causant la mort de millions de combattants. Nombreux sont les sites portant les affreux stigmates de celle qui fut baptisée à tort La der des ders. En l’occurrence, sur le territoire de l’Aisne, le Chemin des Dames et la Caverne du Dragon (la Creute). Comme autant d’âmes éteintes, les croix blanches des cimetières militaires réveillent ces sentiments de désespoir et de recueillement qui étreignent le visiteur. Aujourd’hui, le parcours de mémoire effectué par les scolaires, dans un souci de prise de conscience, et les « touristes » venus, parfois, raviver le souvenir de leurs ancêtres, rendent hommage à ces hommes. Ces Français, Allemands, sans oublier les autres nationalités, qui se sont battus dans des conditions effroyables pour satisfaire des dirigeants assoiffés d’une gloire maligne. « L’homme est né pour la paix, et il ne respire que la guerre », disait Jacques-Bénigne Bossuet, évêque de Meaux, auteur des célèbres Oraisons funèbres. Aujourd’hui, l’actualité lui donne raison.
Le Chemin des Dames et la Caverne du Dragon, l’Enfer sous et sur terre
Appelé ainsi, dès la deuxième partie du XVIIIème siècle, car il aurait été l’itinéraire emprunté par les filles de Louis XV pour se rendre en villégiature visiter Madame de Narbonne en son château de la Bove. Le Chemin des Dames est, aujourd’hui, un passage obligé pour quiconque effectue un parcours de mémoire sur ces batailles qui ont anéanti des bataillons entiers de soldats. Avec Verdun, dans la Meuse et autres sites témoins, la visite de la Caverne du Dragon (la Creute) est révélatrice de l’enfer vécu par les soldats dès 1914. En cet endroit, entité du Chemin des Dames, creusé dans une carrière de pierre calcaire, nombreuses dans la région, les deux armées se sont battues au-delà des limites pour le conquérir. Alternant les possessions.
Dans la Caverne du Dragon, les bougies remplacent aujourd'hui les soldats morts - © Hubert Gouleret
On peut y voir une reconstitution des deux tranchées, française et allemande, se faisant face, à quelques dizaines de mètres l’une de l’autre, voire quelques mètres. Les différents aménagements nécessaires à une armée en opération, dortoirs rustiques faits de paillasses, infirmerie, et jusqu’à une chapelle, indispensable en ces moments…
Tranchée française Caverne du Dragon - © Hubert Gouleret
Vous y apprenez la survie des Poilus, leurs angoisses, l’odeur régnante des cadavres, de la fumée, le vacarme assourdissant des obus… et de la mitraille. Les affres de la guerre dans tout ce qu’elle a d’ignoble !
Messe du 24 décembre 1914 dans la Caverne du Dragon (d'après une photo d'époque) - © Hubert Gouleret
Le Chemin des Dames reste l’un des endroits symboliques de la cruauté de la guerre, une tragédie effroyable. Sur 30 kilomètres, cette route (actuelle RD 18 CD) partant de Corbeny et joignant l’actuelle N2, « l’Offensive Nivelle » du 16 avril au 24 octobre 1917 fait quelque 185 000 morts ou blessés côté français dont 30 000 morts en seulement dix jours, au tout début de l’attaque française. Le fameux 16 avril fut une véritable boucherie. L’attaque est lancée à 6h entre Craonne et Craonnelle, précédée d’un énorme bombardement du 9 au 16. Aujourd’hui, le village de Craonne n’existe plus. A la place, de nombreux trous d’obus ont remplacé les maisons. Ici, sur un panneau, on peut lire Eglise… De l’autre côté de la route, en contrebas, on peut deviner quelques vestiges des violents combats pour reconquérir le village et le Plateau de Californie.
Ici, sous ces monticules de terre, gisent les rares vestiges de ce que fut Craonne... - © Hubert Gouleret
De ce même village martyr restera la Chanson de Craonne, reprise par les Poilus, et à l’origine des mutineries sévèrement réprimées par Philippe Pétain devenu commandant en chef après le limogeage du Général Nivelle le 15 mai. On se souvient de la triste tragédie des rebellions de 1917 où de jeunes soldats furent fusillés « pour l’exemple ». Cette chanson, jugée subversive par l’état-major français, exprime les terribles souffrances des soldats et leur désespoir. L’auteur latin Plaute écrivait, semble-t-il, dans son Asinaria, au 2ème siècle av. J.-C., "L’homme est un loup pour l’Homme", sans lui donner vraiment le sens qu’il a aujourd’hui. Sens bien établi par l’Anglais Thomas Hobbes au XVIIème siècle.
Chapelle-mémorial de la nécropole de Cerny - © Hubert Gouleret
De part d’autre du Chemin de Dames et partout autour, sur des dizaines de kilomètres à la ronde, les cimetières militaires à la mémoire de tous les combattants ponctuent - émouvantes taches blanches - la campagne vallonnée. La nécropole de Cerny-en-Laonnois est de ceux-là, flanquée de sa chapelle-mémorial édifiée en 1951. Aux murs intérieurs de la chapelle ont été apposées de nombreuses plaques commémoratives dont celle offerte par Léopold Senghor en l’honneur et la mémoire des soldats sénégalais tombés pour la France en ces lieux. Erigée en 1960, sa Lanterne des Morts est destinée à éclairer d’une lumière bleue le « champ des morts », les deux cimetières français et allemand. Autant de croix de bois si chères à Roland Dorgelès. Un parcours de mémoire à accomplir pour rendre hommage à l’ultime sacrifice de tous ces Français et Alliés ayant donné leur vie pour préserver l’identité et la grandeur de notre Nation. Un exemple à suivre aujourd’hui, du moins dans la conscience… en cette période anniversaire du 11-Novembre 1918 marquant la fin de la Grande Guerre.
Nécropole nationale de Cerny-en-Laonnois - © Hubert Gouleret
Heureusement, en contrepartie de cette barbarie, il y a le côté bienfaisant de l’Homme, le Familistère de Guise, dans le nord du département. Fondé et construit de 1859 à 1884, par Jean-Baptiste André Godin, l’industriel créateur du fameux poêle éponyme. Un plongeon dans une réalisation sociale, en plein voyage utopique, certes, mais une utopie réalisée.
Le Familistère de Guise, pour le bien-être des employés
Un ʺPalais socialʺ, ainsi est-il considéré. A l’origine, Jean-Baptiste André Godin, ni plus ni moins que le créateur des poêles en fonte Godin. En 1842, il a la révélation de la doctrine de Charles Fourier, le « fouriérisme ». Pourtant sans commune mesure avec les projets des cités ouvrières patronales de l’époque telle la Cité Menier à Noisiel. L’idée de son concepteur est d’améliorer les conditions de vie de ses employés, mêlant travail et vie sociale dans une harmonie parfaite. En quelque sorte, une forme d’utopie à concrétiser.
Par la mise en place de services et d’infrastructures adéquats. L’imposant ensemble - voué à la vie communautaire et composé de trois pavillons - appelé phalanstère par Charles Fourier, avait été construit autour d’une cour intérieure. Les appartements fonctionnels, de 150 au tout début jusqu’à 500 à la fin du XIXème siècle, accueillaient les dernières nouveautés, en matière de confort, en usage à l’époque. Tout autour de ce bâtiment central, couronné d’une magnifique verrière, les économats représentaient une partie essentielle.
L’ensemble, organisé telle une coopérative, était conçu pour l’agrément des personnes. Buanderie, école, piscine, théâtre, mercerie, épicerie, tout était fait pour leur bien-être. « Créez toujours au profit du peuple, les instruments de son bien-être, et vous aurez créé les instruments de sa puissance et de son émancipation. » Telle se résumait la pensée humaniste de ce grand visionnaire.
L’ensemble, organisé telle une coopérative, était conçu pour l’agrément des personnes. Buanderie, école, piscine, théâtre, mercerie, épicerie, tout était fait pour leur bien-être. « Créez toujours au profit du peuple, les instruments de son bien-être, et vous aurez créé les instruments de sa puissance et de son émancipation. » Telle se résumait la pensée humaniste de ce grand visionnaire.
Le thêâtre du Familistère - © Hubert Gouleret
Cette utopie réalisée dura jusqu’en 1968 avec la disparition de la coopérative. Aujourd’hui, le Département a lancé le programme Utopia pour la sauvegarde et la mise en valeur du site. En raison de son excellente fréquentation (72 000 visiteurs en 2017, année du bicentenaire de la naissance de Jean-Baptiste André Godin), l’actuel projet est d’aménager l’aile gauche du bâtiment en complexe hôtelier pour accroître l’offre touristique.
Le Logis du Parvis, un hôtel-restaurant au cœur de la cité médiévale
L’Hôtel du Golf de l’Ailette, une halte sereine au beau milieu des champs de bataille
www.ailette.fr
www.tourisme-en-hautsdefrance.com/decouvrir/les-departements/laisne/
www.chemindesdames.fr/le-centre-daccueil-du-visiteur/decouvrir-le-centre-daccueil-du-visiteur/decouvrez-lhistoire-de-la-caverne-du-dragon
Centre d’Accueil du Visiteur/Caverne du Dragon - RD18CD – 02160 Oulches-la-Vallée-Foulon Tél. : 03 23 25 14 18
Familistère de Guise Place du Familistère 02120 Guise Tél. : 03 23 61 35 36 www.familistere.com
A quelque 25 kilomètres de la Caverne du Dragon et au pied de la cathédrale de Laon et de l’Office de Tourisme, cet établissement familial offre un bel appartement et de jolies et confortables chambres d’hôtes dignes d’un 4 étoiles. Didier Lemerle et sa fille Julia vous accueillent chaleureusement et vous font goûter aux spécialités régionales. Voyez plutôt ! Flamiche picarde, carbonnade flamande, boudin blanc de lapin… Le côté cocooning, avec poutres apparentes, vous plonge au cœur de l’Histoire médiévale de la cité, et vous fait vous sentir bien… comme chez vous. A recommander !
Le Logis du Parvis 3, place du Parvis 02000 Laon Tél. : 06 12 98 87 70 www.logisduparvis.com L’Hôtel du Golf de l’Ailette, une halte sereine au beau milieu des champs de bataille
Niché en bordure du lac de l’Ailette, cet ensemble hôtelier présente tout ce qui fait le bonheur du golfeur et du voyageur sur les chemins de mémoire de l’Aisne. A savoir deux parcours, l’un de 18 trous, l’autre de 9 trous ; des chambres modernes et spacieuses donnant sur le lac ; jacuzzi intérieur et jacuzzi extérieur ; espace bien-être.
Hôtel du Golf de l’Ailette 23, rue du Chemin des Dames 02 860 Chamouille Tél. : 03 23 24 84 85 www.ailette.fr
www.tourisme-en-hautsdefrance.com/decouvrir/les-departements/laisne/
www.chemindesdames.fr/le-centre-daccueil-du-visiteur/decouvrir-le-centre-daccueil-du-visiteur/decouvrez-lhistoire-de-la-caverne-du-dragon
Centre d’Accueil du Visiteur/Caverne du Dragon - RD18CD – 02160 Oulches-la-Vallée-Foulon Tél. : 03 23 25 14 18
Familistère de Guise Place du Familistère 02120 Guise Tél. : 03 23 61 35 36 www.familistere.com


