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"Le dernier sacre", une exposition spectaculaire à la galerie des Gobelins


Catherine MONBREAULT

À l’occasion du bicentenaire du couronnement de Charles X , dernier roi de France sacré à Reims, le Mobilier national invite à plonger dans une immersion inédite, dans l’éclat de ce sacre du 29 mai 1825. Ode aux métiers d’art, cette exposition se veut aussi la vitrine des savoir-faire virtuoses des artisans du début du 19e siècle.



Cette exposition riche en couleurs et en décors, sous  le commissariat de Stéphane Bern et la scénographie du décorateur Jacques Garcia, dévoile les coulisses des préparatifs de ce moment méconnu de l’histoire de France.  Une visite fabuleuse au cours de laquelle, on se replonge dans l’ambiance de l’époque, et où l’on découvre, à travers des pièces historiques, la richesse des arts décoratifs. Un événement honoré, dans la galerie des Gobelins du Mobilier national à Paris, qui se tient jusqu’au 20 juillet. Spectaculaire ! 
Une scénographie signée Jacques Garcia, qui recrée l’ambiance grandiose du sacre dans la cathédrale de Reims - © Mobilier national
Une scénographie signée Jacques Garcia, qui recrée l’ambiance grandiose du sacre dans la cathédrale de Reims - © Mobilier national

​Le roi est mort : vive le roi !

Portrait de Louis XVIII 1755-1824 en robes de couronnement - © Mobilier national
Portrait de Louis XVIII 1755-1824 en robes de couronnement - © Mobilier national

En 1814, Napoléon Ier, empereur des Français depuis 1804, doit abdiquer face aux puissances européennes coalisées. En exil depuis le début de la Révolution, le frère de Louis XVI est alors appelé sur le trône de France sous le nom de Louis XVIII. Pendant les dix années de son règne (1814-1824), le nouveau roi mène une politique d’apaisement et de modération qui vise à réconcilier les Français divisés par la Révolution et l’Empire et à redresser l’économie fragilisée par les guerres napoléoniennes.
 
À plusieurs reprises, Louis XVIII émet le vœu de se faire sacrer comme les rois ses prédécesseurs, mais y renonce finalement, ne jugeant pas les conditions politiques réunies. Il meurt aux Tuileries le 16 septembre 1824, entouré des siens. Seul souverain français du XIXe siècle décédé en exercice, ses obsèques ressuscitent pour la dernière fois l’antique et fastueux cérémonial des funérailles royales. Les voûtes de Saint- Denis retentissent alors du célèbre cri : « Le roi est mort ; vive le roi ! », symbole d’une monarchie qui croit ne jamais s’éteindre. Louis XVIII n’ayant pas de descendance, son frère, le comte d’Artois, lui succède sous le nom de Charles X.


"Renouer la chaîne des temps"

"Si les appartements ne sont pas prêts, je camperai; si les cuisines ne sont pas prêtes, je jeûnerai; mais le jour est irrévocable", lance Charles X devant les difficultés qui se présentent aux organisateurs du sacre. Car, contrairement à son frère, le souverain souhaite au plus vite, selon sa propre expression, «  renouer la chaîne des temps », et se faire sacrer. Avec toutefois, comme objectif de rivaliser avec le couronnement du roi britannique George IV. Et ce, malgré des moyens financiers plus restreints ! En quelques mois, le duc de Doudeauville, ministre de la Maison du roi, doit ainsi organiser à Reims une cérémonie dont le faste vise à éblouir l’Europe et à montrer une France réconciliée avec son passé.

Sacre de Charles X à Reims, le 29 mai 1825 par François Pascal Simon Gérard (1770-1837) - © Pascal Lemaître
Sacre de Charles X à Reims, le 29 mai 1825 par François Pascal Simon Gérard (1770-1837) - © Pascal Lemaître

​Vers le sacre

Couronne aux camées, dite couronne de Charlemagne et le reliquaire, avec  la Sainte Ampoule et la spatule - © Mobilier national
Couronne aux camées, dite couronne de Charlemagne et le reliquaire, avec la Sainte Ampoule et la spatule - © Mobilier national
En hâte, on fouille les archives – le sacre précédent, celui de Louis XVI, remonte à 1775 – pour retrouver le cérémonial d’Ancien Régime, concevoir le décor des édifices concernés et dessiner les costumes des participants. La Chambre des pairs et la Chambre des députés votent un budget spécial qui se révèle vite insuffisant : les accessoires du sacre ayant disparu pendant la Révolution, il faut en effet tout refaire à neuf. Aux côtés de Doudeauville, les anciennes fonctions curiales reprennent leurs missions traditionnelles : le « grand aumônier » pour la célébration religieuse, le « grand maître des cérémonies » pour le protocole, le « grand maître de France » pour l’organisation du festin, le « grand chambellan » pour la musique, les costumes et les cadeaux.
Ces hauts personnages sont appuyés par le Garde-Meuble de la Couronne pour l’ameublement des appartements de la famille royale et par la direction du Matériel des fêtes et cérémonies pour le décor de la cathédrale.

Scénographie de l'exposition - © Mobilier national
Scénographie de l'exposition - © Mobilier national

​Ode au savoir-faire à la française

Scénographie de l'exposition - © Mobilier national
Scénographie de l'exposition - © Mobilier national
Cette exposition s’ouvre par le début du règne de Charles X, à savoir les funérailles de Louis XVIII. Elle présente des pièces exceptionnelles parmi lesquelles la couronne de Charlemagne sortie du Louvre pour l’occasion, la sainte ampoule qui a servi à oindre le monarque d’huile sacrée, le sucrier et seau à bouteille du service capraire de la Manufacture de Sèvres, des verres en cristal de Montcenis, des bronzes, en passant par des tableaux, des costumes, de la passementerie des harnais du carrosse du sacre ou encore le sceptre, signe de puissance, et la main de justice, symbole d’autorité judiciaire. Ainsi que la reconstitution de la chambre qui avait été aménagée pour accueillir la famille royale à Reims dans la palais épiscopal durant les 5 jours du sacre. Cinq jours au cours desquels, on estime à plus de 7 000 couverts servis aux frais du roi ! 

Ici, on revit avec faste, le dernier sacre, d’une splendeur inouïe, comme si on y était. 


Le catalogue

L’exposition s‘accompagne d’un catalogue édité par Monelle-Hayot, Saint-Rémy-en-l’Eau, dirigé par Hélène Cavalié et Renaud Serrette. 532 pages. 59€. En vente sur place et en librairie. www.editions-monelle-hayot.com/

Informations pratiques : 
 
Mobilier national, 42 avenue des Gobelins, 75013 Paris.
Métro: Ligne 7 / Gobelins 
Horaires d’ouverture: Du mardi au dimanche de 11h à 18h
Mobilier national.culture.gouv.fr

 
Lundi 12 Mai 2025
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