Plein soleil sur les Côtes d’Armor !

Les maisons de pêcheurs et d’armateurs de ce petit port tranquille témoignent d’un passé maritime prospère mais tourmenté. Celui de la “Grande Pêche“ à la morue, ressource essentielle durant du XVIe au début du XXe siècle. D’ici les marins s’embarquaient pour des odyssées périlleuses jusqu’à Terre-Neuve puis vers l’Islande où le cabillaud permettait des pêches miraculeuses. La campagne durait six mois, d’avril à octobre et bien que périlleuse était plus lucrative que l’enrôlement dans la Marine d’État. Un parcours d’interprétation morutier est en cours de finalisation à Binic pour garder la mémoire de ces temps héroïques dont les traces sont encore présentes sur la jetée. A deux pas, Etables, la voisine, saisit la balle au bond dès que le chemin de fer reliant les villes à la côte permit aux citadins de venir en famille profiter des bains de mer. La grande plage de sable fin des Godelins fut vite aménagée avec cabines colorées et sentiers d’accès et de belles villas entourées de jardins qui accueillent toujours les vacanciers sur les hauteurs.

Au Val-André le rituel matinal commence par une promenade tonique ou un jogging sur les deux kilomètres de l’immense plage de sable blond se découvrant à perte de vue au rythme des marées. On peut aussi se balader sur la longue digue-promenade, jalonnée de villas balnéaires de la Belle Epoque (fin XIXème), qu’à marée haute les vagues viennent éclabousser. La portion du GR 34, qui suit les côtes sur 2000 kms du nord au sud de la Bretagne, offre ici la beauté de ses paysages changeants sur la mer. Il vous revigore et vous donne des ailes aux pieds, zigzaguant entre vues plongeantes sur les flots, parfum des pins et genets en fleurs. En contrebas, les falaises plongent sur les vagues et la vue porte au loin sur la mer et le port de plaisance de Dahouët enchâssé dans ces terres d’où partaient autrefois les Terre-Neuvas pour leurs longues campagnes de pêche

Autre jolie balade sur le GR34 depuis Erquy, haut-lieu de la pêche à la coquille Saint-Jacques depuis les années 1950. Suite à la prolifération de ces délicieux coquillages en même temps que la disparition de sa ressource en praires, cet afflux providentiel a été régi par une règlementation draconienne, périodes de pêches et quantités par bateaux, pour ne pas épuiser cette ressource abondante en baie de Saint-Brieuc.

On rejoint le sentier littoral en grimpant depuis ce quatrième port de pêche de France qui lui aussi a son histoire à conter le long des hautes parois de carrières abandonnées. De là que partaient les blocs de pierre dont on faisait les pavés parisiens quand Haussmann sous Napoléon III entreprit ses vastes travaux dans la capitale. Inutile de préciser que les efforts d’extraction et de transport furent lourds laissant aujourd’hui des vestiges de taille.

A quelques kilomètres d’Erquy le château de Bienassis, classé Monument Historique, s’est d’abord dressé sur une motte féodale du XIIe siècle mais l’ensemble date du XVe. Remanié deux siècles plus tard il est propriété de la même famille depuis plusieurs générations. On y visite la salle de garde, le salon les cuisines, la chapelle et le grand escalier mais ce sont les extérieurs qui surtout valent le déplacement pour ses jardins à la française, le potager savamment dessiné par le maître jardinier, les douves en eau et le mur d’enceinte.

Changement d’ambiance au château de la Roche Goyon, Fort la Latte une impressionnante forteresse médiévale qui surplombe la mer à 60 mètres de haut près du cap Fréhel. Érigé en 1340 par Etienne III Goyon, assiégé par Du Guesclin, assailli durant les guerres de Religion, renforcé sous Louis XIV par Vauban pour défier les attaques anglaises, abandonné puis acheté par un propriétaire privé il attire aujourd’hui les touristes venus de partout. Pont-levis, douves, tours, donjon, murs épais, cour intérieure, cachots... il c’est un décor parfait pour films d’époque et offre une jolie promenade dans son immense parc arboré dominant la mer.

La Maison Saint-Yves, ancien grand séminaire devenu maison diocésaine garde en son cœur un chef d’œuvre d’architecture datant de 1927, la chapelle Art déco classée Monument Historique et huitième “Monument préféré des Français“ en 2022. Les mosaïques colorées qui en décorent les murs, les peintures murales de Xavier de Langlais dans la crypte, le sol orné de motifs celtiques, le mobilier breton, les artichauts identitaires sculptés sur les bancs en font une création unique en son genre

Autre visite empreinte de culture bretonne, le musée Mathurin Méheut (1882–1958). Inauguré en 2022il rend hommage à ce peintre, illustrateur, graveur et décorateur né à Lamballe à travers 200 œuvres d’un parcours permanent et des expositions temporaires. L’artiste célèbre la mer et les marins mais aussi poissons, algues, paysages (objets d’une exposition au musée de la Marine). Il porte aussi son regard sur l’ailleurs dont le Japon et Hawaï, il est à l’origine du Paléo art appuyé sur les travaux scientifiques en peignant mammouths et dinosaures...