Class Tourisme : Magazine de voyages et d'Art de vivre
Version imprimable

Les Canards de Paris ou comment visiter Paris à bord d’un bus amphibie



Splash ! L’instant attendu de tous. Marcel, le fringant volatile, tout de blanc vêtu et long de dix mètres,vient de se jeter dans l’eau de la Seine, au beau milieu des gerbes d’eau l’environnant et des cris des passagers ravis. Puis, quel plaisir de se laisser glisser au fil des vaguelettes… Il en aura fallu du temps et du labeur pour en arriver là !



Le Splash ! à l'embarcadère  - © Les Canards de Paris
Le Splash ! à l'embarcadère - © Les Canards de Paris

​« Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage… »

Cette morale de Jean de La Fontaine dans Le Lion et le Rat pourrait s’appliquer à nos deux « aventuriers », novateurs des temps modernes. Imaginé depuis 2013, élaboré pendant plusieurs années pour se concrétiser en 2021, le projet de bus touristique amphibie a demandé une somme d’abnégation et de persévérance hors du commun à ses deux concepteurs, Paul Michel et Philippe Mallet. Tous deux issus d’écoles de commerce, le premier de l’EDHEC, le second de HEC. Paul était clairement orienté tourisme. « Je cherchais une opportunité dans le tourisme et je trouvais que c’était très sympa tout ce qui se trouvait sur la Seine et ce qu’il y avait sur la terre. J’ai cherché un moyen d’allier les deux. Mais l’idée tardait à venir… Un jour, je me suis souvenu avoir vu, tout petit, des véhicules amphibies aux Etats-Unis. Et c’est à ce moment que j’ai fait le lien. Le projet se faisait jour. » Aujourd’hui, une ville comme Boston possède un important réseau de bus amphibies, à l’instar de Stockholm et bien d’autres cités dans le monde. Mais pas Paris.

​La réglementation, un frein à la réalisation

Au tout début, ils cherchent pourquoi ça n’existe pas en France. Ils comprennent, très vite,que c’est un problème de réglementation. Les législations française et européenne sont particulièrement lourdes dans ce domaine. Ils cherchent donc un constructeur pour répondre à la réglementation et font le tour de la profession. Après s’être très vite rendu compte qu’aucun n’était capable de leur fournir, clés en mains, un matériel capable de satisfaire à ladite réglementation. Ils décident, malgré tout, de s’y atteler en faisant, tout d’abord, appel à un chantier de Conflans-Sainte-Honorine, capitale de la batellerie. Il sera uniquement en charge de la partie technique. Toute la partie routière sera réalisée dans le Calvados, à Blainville-sur-Orne. A l’exception du moteur qui sera conçu dans la banlieue lyonnaise, à Saint-Priest. La carrosserie a, quant à elle, été réalisée aux Etats-Unis.


Le « parcours du combattant »en matière de réglementation

« Les démarches pour toutes les autorisations ont pris six années, explique Paul. Le cumul de toutes les autorisations remplit 10 000 pages, 1 000 par mètre linéaire de véhicule. Il convient de les lire, les comprendre, les appliquer et les prouver. Ce qui est très long à faire. Un véritable parcours du combattant. ». Paul et Philippe ont dû rencontrer plusieurs administrations, les convaincre qu’on pouvait le faire, leur prouver qu’on l’avait fait puis, ensuite, apporter les modifications qu’elles demandaient. « Ce qui a été compliqué à leur faire admettre. Il faut impérativement leur démontrer notre volonté de sérieux, de faire aboutir le projet, de le mener au bout. Car ces administrations en tant que telles ont vu bien des projets démarrer mais peu se concrétiser. Elles font donc preuve, dès le départ, de scepticisme. »

Et puis, le temps passant, l’examen et l’application des 10 000 pages de réglementation achevés, ce qui est un travail colossal, place à l’homologation. « Lorsque vous possédez les structures d’entreprises des grands constructeurs, vous avez derrière vous une nuée d’ingénieurs. Nous n’étions que deux, puis trois, ajoute Paul. Deux points de la réglementationse sont révélés particulièrement compliqués à appliquer, poursuit-il. Tout d’abord, sur la réglementation routière, il nous a été demandé des essais destructifs pour évaluer la résistance du véhicule. Ce qui est très onéreux, d’une part, mais aussi, d’autre part, psychologiquement très dur de construire un véhicule pour le détruire. Ensuite, sur la partie fluviale, la réglementation est plus pensée pour des bateaux de grande taille - tels les bateaux-mouches -mais pas de petite taille. Il nous a fallu nous adapter, créer des systèmes qui n’existaient pas sur le marché, parfois les miniaturiser pour les conformer à notre petit bateau, conclut-il.»

Le bus amphibie vogue sur la Seine - © Les Canards de Paris
Le bus amphibie vogue sur la Seine - © Les Canards de Paris

​Une homologation réussie et un lancement contrarié

C’est fin 2019 qu’ils obtiennent toutes les autorisations.C’est à cette époque qu’ils décident d’effectuer des essais, aidés d’un peu de public, pour tester l’offre. Avec pour objectif d’ouvrir au printemps 2020. Et là, patatras !les épisodes de confinement se succèdent. « Ce fut, pour nous, un épisode extrêmement difficile, concède Paul. A l’interdiction d’ouvrir, s’est ajoutée l’impossibilité d’obtenir des aides de l’Etat, calculées sur le chiffre d’affaires de 2019. Pour couronner le tout, nos charges avaient augmenté, en prévision d’une ouverture prochaine. Une augmentation due à un local plus grand, des assurances plus importantes, un recrutement de nouveau personnel... Nous avons fait le dos rond avec l’espoir d’une ouverture prochaine. »

L’équipe voit enfin le bout du tunnel

Finalement, le 5 juillet 2021, l’aventure commence réellement pour ces nouveaux entrepreneurs. « Nous avons débuté timidement, en petite équipe, relate Paul, car nous étions encore en période de Covid. Mais, rapidement, nous avons eu beaucoup de monde. Les premiers mois ont été compliqués à gérer. Nous devions apprendre un nouveau métier, à savoir l’exploitation d’un bus amphibie. Tout à la fois, recruter du personnel, le former et recevoir beaucoup de public dont les retours ont été très bons, de même que ceux de la presse française et internationale. Depuis, on n’a eu de cesse d’améliorer l’offre. »

Point de départ à la Tour Eiffel - © Les Canards de Paris
Point de départ à la Tour Eiffel - © Les Canards de Paris

​Un cheminement sur terre et sur l’eau riche en enseignement

Garé au beau milieu du Champ de Mars, entre Tour Eiffel et Ecole Militaire, Marcel le Canard accueille ses trente-cinq passagers empruntant la petite échelle, aide indispensable pour monter à bord. Un public très large, allant des scolaires aux personnes âgées en passant par les touristes, les entreprises, les Parisiens… L’échelle remontée, Marcel s’élance à la découverte des monuments parisiens. Maîtrisé de main de maître par Albert, l’attentif conducteur.

L’animation est assurée par un guide-animateur. « Elle est venue d’une manière empirique, en étant à l’écoute des clients, de leur demande, explique Paul. » A l’indéniable côté ludique, s’ajoute le plaisir d’apprendre tout en jouant. Ce qui change des habituels audio-guides et des guides peu diserts. Les enfants sont particulièrement comblés, participant aux facéties de l’animateur, se délectant des informations et anecdotes distillées, concourant au quiz sur Paris et ses monuments, rentrant complètement dans le jeu.

Contournement de l'Arc de triomphe - © Les Canards de Paris
Contournement de l'Arc de triomphe - © Les Canards de Paris

Après avoir vu et s’être imprégné de l’Histoire et de la petite histoire de la plupart des grands monuments parisiens, le véhicule atteint la Porte de Saint-Cloud, longe le Parc des Princes et pénètre sur les terres du département des Hauts de Seine. Destinationle Parc nautique de l’Île de Monsieur.

Une fois l’embarcadère du parc atteint, le véhicule s’engage sur la rampe d’accès au fleuve, accélère, et c’est le grand Splash ! Et vogue le véhicule… devenu observatoire privilégié des rives de la Seine le long desquelles péniches et petits bateaux de plaisance sont amarrés.

Au terme des vingt minutes de navigation prévus, à hauteur de Sèvres et de Saint-Cloud, le véhicule rejoint la terre ferme pour atteindre son point de départ. Avec, au passage, une vue privilégiée sur les bâtiments en forme de vaisseau de la Seine Musicale situés sur l’Île Seguin – à l’emplacement des anciennes Usines Renault.

La Seine Musicale - © Les Canards de Paris
La Seine Musicale - © Les Canards de Paris

Une belle découverte des principaux monuments parisiens dans la bonne humeur, avec, en prime, une navigation qui offre une vue privilégiée des rives de la Seine sous un angle différent. Le tout en 1h45 de divertissement.

Deux objectifs en vue
Les deux compères ont, comme projets immédiats, la construction, déjà bien entamée, d’un second véhicule et l’autorisation d’un deuxième accès à la Seine leur évitant de faire l’actuelle boucle. Avec l’enthousiasme qu’on leur connaît, nul doute qu’ils auront à cœur de concrétiser leurs objectifs et apporter à leur clientèle un réel m

Informations :
www.lescanardsdeparis.com
Prix : 39€ / adulte (12 ans et plus)
          23€/ enfant (2 à 11 ans)
          Famille nombreuse :
          à partir de 2 adultes (12 ans et plus) et 2 enfants (2 à 11 ans) : 16€/enfants

Courriel : contact@canardsdeparis.com
Tél. : 01 84 60 61 00
 
 
Mardi 21 Mars 2023
Notez

Dans la même rubrique :
< >

Jeudi 14 Mars 2024 - 08:12 Randonner en Guyane, destination Nature !

Samedi 9 Mars 2024 - 11:08 Samoëns : ski et aventures printanières

France | Destinations | Hébergement | Art de vivre | Transport | Culture | Croisières | Sports-loisirs | Bons Plans | Bien-être | Mentions légales | Point de vue | Livres