Escapade en Bourgogne, au pays des anis

Riche de son glorieux passé, la cité médiévale se dresse sur un éperon rocheux et domine par ses remparts, ses toits ainsi que par son paysage vallonné et verdoyant. Flavigny est classé parmi les "Plus Beaux Villages de France", et a tout pour plaire. Ses portes et fortifications, l’architecture de ses maisons artisanales (tanneurs, tisserands, verriers et vignerons), ses demeures bourgeoises avec tourelles d’escalier, ses places, son lacis de ruelles pavées, sa petite église de style gothique… Idéal pour un cours d’histoire en plein air ! Si l’abbaye laisse deviner sa grandeur passée, il ne faut pas oublier que ce bourg si pittoresque, est aussi un haut lieu de gourmandise !  Car, dès que l’on foule la Porte d’entrée, dite de Barme, - Flavigny dispose de 4 entrées -, un parfum envoûtant d’anis saisit. Une odeur qui conduit jusqu’au cœur de l’ancienne abbaye bénédictine. Leu magique…

Tout comme les romains l’avaient fait avant eux, les moines utilisèrent la graine d’anis pour faciliter leur digestion. Pour la conserver, ils enrobèrent la graine de sucre pour devenir au fil du temps, les Anis de Flavigny. De nos jours, on ignore encore la date exacte de création. Cependant, on aurait retrouvé à Semur-en-Auxois, des archives expliquant que depuis 1591, les  anis étaient distribués aux hôtes de passage. À la Révolution, les bénédictins quittent l’abbaye. Différentes familles prennent alors successivement le relais de la fabrication. Huit fabricants sont présents dans le village en 1814 !  Ces petites fabriques portent les noms poétiques tels que  "Au Galant Berger", "À la source des douceurs", ou encore "À la Fontaine de la Récluse". Puis l’un d’eux rachète peu à peu ses concurrents. Le nom de Troubat apparaît dans la belle histoire des Anis de Flavigny quand Jean acquiert la fabrique en 1923. En 2025, Catherine représente la troisième génération de Troubat dirigeant l’auguste entreprise.

Le saviez-vous ? Le Duc de Saint-Simon rapporte que Louis XIV aimait sucer des bonbons à "l’anisse" qu’il conservait dans un drageoir de poche rond, assez plat et d’une matière recherchée. Extrait du Dictionnaire de la Confiserie d’Annie Perrier-Robert.

Là, les fameuses bassines en cuivre dévoilent le secret de la fabrication des Anis : à savoir, un délicat enrobage de sirop et d’huiles essentielles autour de la précieuse graine d’anis. Le parcours se prolonge dans l’atelier de conditionnement, dans la salle vidéo qui retrace chaque étape de la confection de ces gourmandises, réalisées dans le respect d’un savoir-faire ancestral, en passant par la crypte carolingienne, joyau du site,  pour se terminer dans le musée des Anis, véritable cabinet de curiosités qui dévoile, outils d’époque et documents rares mais également boîtes anciennes représentant l’histoire d’amour du berger et de la bergère, emblème romantique de la marque depuis le XIXe siècle. Aujourd’hui, chaque année, des millions de ces petites perles blanches quittent le village pour être dégustées dans plus de 35 pays ! 

Au début du XIXème siècle, chaque fabricant a sa propre illustration sur sa boîte d’Anis. Le plus souvent, il s’agit d’un couple d’amoureux: un berger et une bergère incarnant l’amour innocent. L’image a bien évidement évoluée au fil des ans, tantôt de famille noble, bourgeoise, puis plus simplement en berger et bergère, les amoureux se rapprochent petit à petit. Il en est de même pour le château en arrière-plan qui se transforme en église, puis devient un village. À la fin du XXème siècle, l’image ne changera quasiment plus car tout est réuni pour représenter les Anis: le berger offrant des bonbons à sa bergère pour déclarer sa flamme, une fontaine, un tilleul, un mouton, une cruche, un bâton et le village en arrière-plan. Une illustration devenue aussi célèbre que le bonbon. 

Dans leur iconique boîte ovale, Les Anis de Flavigny régalent les palais depuis plus de quatre siècles. Fabriqués à partir d’une recette inchangée depuis 1591, ces petits bonbons d’un gramme sont le fruit d’un savoir-faire rare : 15 jours sont nécessaires pour enrober chaque graine d’anis vert de couches successives de sirop délicatement parfumé. Si la saveur originelle à l’anis reste la plus emblématique, la Maison invite aujourd’hui à une véritable exploration gustative avec 12 autres parfums tout aussi raffinés : citron, mandarine, rose, fleur d’oranger, réglisse, gingembre, eucalyptus, cannelle-orange, violette, café, cassis et menthe. Treize saveurs, treize histoires à déguster... et autant de raisons de (re)découvrir l’un des bonbons les plus emblématiques du patrimoine gourmand français.