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République tchèque : Pustveny, le sanctuaire du Dieu Radegast



A 1018 mètres d'altitude, coincé entre les sommets Radohšť et Tanečnice, Pustevny en Moravie du Nord est le centre touristique le plus populaire de la chaîne des Beskides. Une région haute en couleurs sur laquelle veille le dieu païen slave et barbu Radegast, qui a d’ailleurs donné généreusement son nom à la bière locale.



Au 20e siècle pour accompagner ce développement naissant, deux autres refuges ont été conçus par l’architecte slovaque Dušan Jurkovič dans le style de l’Art nouveau populaire. C'est ainsi que Libušín et Maměnka ont ouvert leurs portes en 1899.© David Raynal
Au 20e siècle pour accompagner ce développement naissant, deux autres refuges ont été conçus par l’architecte slovaque Dušan Jurkovič dans le style de l’Art nouveau populaire. C'est ainsi que Libušín et Maměnka ont ouvert leurs portes en 1899.© David Raynal
Bien connue des adeptes de la randonnée et des sports d’hiver, la station de Pustevny tire son nom des ermites (« poustevníci » en tchèque) qui autrefois ont habité et occupé cette magnifique montagne. Au milieu du 18e siècle, un ermitage a été construit près de la première chapelle en bois de Radhošť. Les ermites cherchaient avant tout un endroit loin de civilisation et le dernier d'entre eux est décédé dans la solitude en 1874. 

© David Raynal
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Au fil du temps, les paysages bucoliques de Pustevny ont attiré les membres de l’association Frenštát Radhošť Mountain Union, qui se sont donné pour objectif de désenclaver les endroits les plus reculés des montagnes Beskides, de baliser les sentiers pédestres et de mettre en place un réseau de refuges de montagne et d’hébergements. Ils ont été les premiers à construire un refuge ici – Pústevňa – en 1891. Trois ans plus tard, ils ont érigé une deuxième hutte qu’ils ont appelée Šumná. Au fil du temps, grâce à la popularité croissante de la randonnée, la fédération de montagne a décidé d’améliorer la qualité de l’hébergement et l'offre de restauration du site. 

Au 20e siècle pour accompagner ce développement naissant, deux autres refuges ont été conçus par l’architecte slovaque Dušan Jurkovič dans le style de l’Art nouveau populaire. C'est ainsi que Libušín et Maměnka ont ouvert leurs portes en 1899. En 1926, un refuge de montagne plus moderne, l’Hôtel Tanečnica, a été achevé. Six ans plus tard, un autre hôtel de montagne, le Radegast, fut érigé sur la crête entre Pustevny et Radhošť. De nos jours, il est possible d’accéder au sommet des cimes par les chemins de randonnées, mais le plus simple est encore d’utiliser le télésiège (le premier au monde, qui date de 1940) et qui offre l’espace de quelques minutes une vue imprenable sur les massifs de la région.
© David Raynal
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​Festival de statues de glace à Pustevny

© CzechTourism
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Chaque année, du 15 janvier au 13 février, la tradition veut que la station de ski de Pustevny devienne un sanctuaire pour toutes les légendes mystérieuses et les contes de fées liés à la glace. Outre les statues monumentales sculptées dans la matière gelée par des artistes locaux, les week-ends de janvier proposent aux visiteurs de découvrir le marché d’hiver en pleine nature dans un environnement typique et traditionnel. Pustevny est encore indissociablement lié au nom de l’architecte slovaque Dušan Jurkovič (1868–1947).  Ce représentant important de l’art nouveau a développé un style résolument personnel, nettement influencé par l’architecture populaire. Il s’est notamment inspiré du mouvement anglais Arts and Crafts. Les origines du choix artistique de Jurkovič de développer un style folklorique tiennent en grande partie à ses antécédents familiaux. Son père appartenait à un célèbre groupe de patriotes slovaques, tandis que sa mère était experte en art populaire. Après avoir étudié au lycée inférieur de Sopron, il part pour Vienne dans les années 1884-1889 pour l’École technique d’État, dirigée à l’époque par Camillo Sitte.
 

Chalet de Libušín - © CzechTourism
Chalet de Libušín - © CzechTourism

​Sculpture sur bois

© David Raynal
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Lors d’un court séjour dans les ateliers d’architecture de Bulla à Martin, il se passionne pour la pratique folklorique de la sculpture sur bois. Pendant six ans, il travaille ensuite dans l’atelier de l’architecte Michal Urbánek à Vsetín. Il participe alors à la réalisation de la construction de l’Exposition nationale de Vsetín et de l’Exposition nationale tchécoslovaque de Prague en 1895. Son succès professionnel lui ont valu de concevoir l’ensemble des bâtiments pour les touristes et les randonneurs – Libušín et Maměnka – à Pustevny (1897-1899). Avec le temps, les refuges de Pustevny sont lentement tombés en ruine, à tel point qu’au cours des années 1980, le Musée en plein air de Valachie a élaboré un plan pour la rénovation complète de Libušín et Maměnka. Le plan du musée n’a cependant été mis en pratique qu’en 1995. Après quatre ans de travaux, en 1999, le restaurant Libušín a été officiellement rouvert et l’hôtel Maměnka a également commencé à accepter des clients en 2003. Pendant la période de reconstruction, la station de Pustevny a été déclarée monument culturel national.


​Radegast, le Dieu slave du soleil

© CzechTourism
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En empruntant un sentier bien balisé, les randonneurs tombent tout à coup nez à nez avec la statue gargantuesque de Radegast, le dieu slave du soleil, de l’abondance et de la fertilité. C’est la figure emblématique de la région et ils sont nombreux à venir de loin pour la voir dans les montagnes Beskides à mi-chemin entre Pustevny et Radhošť à une altitude de 1 105 mètres. Initialement,  Radegast était un dieu vénéré principalement par les tribus slaves de la Baltique orientale et on ne sait pas très bien comment le culte a atteint Radhošť. La statue géante originale de Radegast était vraisemblablement sculptée dans du bois. Elle portait une armure d’or pur et arborait un casque redoutable. Elle faisait partie du sanctuaire, où était pratiqué des sacrifices d'animaux, mais aussi certainement d'humains. Selon la légende, cette divinité belliqueuse trônait sur cette montagne sainte. C'est la raison pour laquelle, les habitants lui apportaient régulièrement des offrandes en son honneur. À la fin du printemps, les anciens Slaves célébraient le solstice d’été sur Radhošť. La nuit, ils allumaient des feux de joie, dansaient et chantaient. Les missionnaires Cyrille et Méthode ordonnèrent que l’idole païenne soit démolie, coupée en morceaux et brûlée. Un prêtre païen a réussi à sauver la statue et l’a cachée quelque part à l’intérieur de la montagne dans un sanctuaire souterrain, où elle y est encore peut-être aujourd’hui. Depuis les années soixante, un pèlerinage qui rassemble plusieurs milliers de fidèles est régulièrement organisé les 5 et 6 juillet pour célébrer l’arrivée de Cyrille et Méthode.



​Nouvelle statue en granit

© David Raynal
© David Raynal
La statue actuelle de Radegast est l’œuvre du sculpteur de l’académie Albín Polášek. Né dans la ville voisine de Frenštát pod Radhotěm, il a commencé à travailler sur la statue en 1924, et nous savons que plusieurs variations sur ce thème ont été créées aux États-Unis, où il vivait à l’époque. En 1930, l’artiste engage le studio Novák à Prague et crée la forme finale de son Radegast. Un corps d’homme, un visage de lion, avec un couvre-chef en forme de tête de taureau à cornes. Dans sa main droite, il porte la corne d’abondance, dans sa gauche une hache. La statue de Radegast de Polášek, faite de béton et de granulats, a été installée sur place en 1931 et officiellement découverte le 5 juillet. Cette statue originale, mesurant 320 cm et pesant 1,4 tonne, a été financée par des émigrés tchèques aux États-Unis, qui ont consacré la statue à leur patrie. La sculpture est délibérément placée dos aux marcheurs qui s’approchent. A l’issue de plusieurs restaurations, une réplique de l'oeuvre originelle a été sculptée dans du granit, censé mieux résister aux conditions climatiques extrêmes de la montagne. Sous la supervision du sculpteur de l’académie Miroslav Machala, le maçon Jan Sobek de Leskovec u Vsetína a réalisé la nouvelle statue de 16,5 tonnes dans un seul bloc de granit. Sa construction a été financée par la brasserie Radegast à Nošovice, dont la fameuse marque de bière connue de tous, reproduit la divinité sur son étiquette. Aujourd'hui, il n'est pas rare de voir des groupes de jeunes se prendre fièrement en photo devant la statue avec une cannette à la main, histoire de concilier croyances païennes et cervoise des ancêtres...

Chalet de Libušín - © David Raynal
Chalet de Libušín - © David Raynal

Pour se rendre à la statue de Radegast

De Pustevny, suivez le sentier balisé en bleu vers l’ouest sur le pic de Radegast, passez devant la statue de Radegast et montez jusqu’au sommet (4 km). La meilleure façon de monter, cependant, monte de Rožnov pod Radhoštěm le long du chemin rouge (7 km avec une montée d’environ 800 m).

Où manger ?

Restaurant Libušín Pustevny

En haut du télésiège, dans l’une des plus belles maisons en bois traditionnelles de la station, dans un cadre typique et pittoresque, le Libušín propose un large choix de plats traditionnels valaques servis avec la fameuse bière locale Radegast.

Restaurace Libušín a Koliba Valaška
Pustevny, HorníBečva 756 57
+420 556 836 207
+420 736 682 289
http://www.libusin-mamenka.cz
libusin@libusin-mamenka.cz

Office de tourisme de République tchèque (CzechTourism)
18 rue Bonaparte 75006 Paris
Téléphone : 01 53 73 00 34
Email : paris@czechtourism.com
Site web : www.visitczechrepublic.com

Se rendre en Moravie du Nord
A la sortie de l’aéroport, il est possible de rejoindre Ostrava en 3 heures au départ de Prague, à bord d'un train de la compagnie Regiojet, qui propose notamment un service en 1ère classe très confortable au prix de 25 euros l’aller. La compagnie Pendolino, dessert également à des prix très abordables et dans un grand confort avec un service de restauration défiant toute concurrence servi à votre place, les villes d’Ostrava et d’Olomouc depuis Prague. N’hésitez pas à vous renseigner auprès de l’Office du tourisme tchèque de Paris ou directement sur place.

 
Mercredi 7 Décembre 2022
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